Mathieu Farcy, Pierre Vassal, Simon Lambert et Stéphane Quidet ont suivi la formation en photojournalisme 2013-14. Par affinité tant photographique que personnelle, ils se sont associés et ont fondé le collectif Kaïros. Chacun poursuit sa propre route mais, comme tout collectif qui se respecte, ils tiennent à travailler régulièrement ensemble sur un projet commun.

Cette année pour leur projet « Génération 14-18 », ils sont partis sur les lignes de front européennes de la guerre 14-18 pour interroger les jeunes sur leur rapport à la Grande Guerre..

Quel métier exercez-vous aujourd’hui, et dans quels domaines ?

SIMON : Je suis photojournaliste indépendant basé à Paris. Je travaille principalement pour la presse nationale française et pour des commandes corporate. Il m’arrive aussi de faire de la photographie de mariage.

MATHIEU : Je suis photographe et je travaille en institutionnel. Pour les projets plus personnels, je réalise mon premier documentaire vidéo, sur les salariés de Goodyear à Amiens.

STEPHANE : Je suis photographe journaliste indépendant basé à Orléans. Je travaille pour l’institutionnel, la presse et le corporate.

PIERRE : Je suis photographe indépendant basé à Paris. Je travaille essentiellement pour de la presse professionnelle.

Comment appréhendez-vous aujourd’hui les évolutions de votre métier ?

SIMON : Les modèles économiques d’avant ne fonctionnent plus, mais les modèles futurs restent à trouver. Les possibilités sont devant nous, à nous de les trouver et de les mettre en place. Travailler pour la presse est certes valorisant, elle permet de se faire connaître, mais ce n’est pas l’activité la plus rentable.

MATHIEU : On est à un moment intéressant, où l’on peut tenter d’être son propre média grâce aux nouvelles technologies.
Être en collectif est une chance pour nous dans cette profusion, et contre la solitude habituelle des photographes.

STEPHANE : L’image n’a jamais eu aussi peu et autant de valeur à la fois. Les images sont en accès libre sur Internet, la presse revoit ses tarifs photo au rabais mais en parallèle « Rhein II » d’Andreas Gursky se vend à 4 millions de dollars. À nous d’inventer les médias de demain et les nouvelles structures de diffusion.

PIERRE : Ils ne faut pas dramatiser, et il existe des perspectives intéressantes si l’on accepte qu’une partie de ses revenus ne soit pas liée à la presse.

Que faisiez-vous avant d’intégrer l’emi ?

SIMON : J’étais ingénieur du son pour le spectacle vivant et l’audiovisuel.

MATHIEU : J’étais éducateur spécialisé. Je travaillais dans le champ de la relation parent/enfant en foyer.

STEPHANE : Je travaillais en tant que sociologue. Le photojournalisme était donc pour moi une prolongation naturelle de la sociologie : l’occasion d’aller au bout de ma curiosité et de la partager avec un public, un lectorat.

PIERRE : J’ai réalisé un Master de Sociologie, puis j’ai commencé à travailler en tant que photographe, enfin j’ai essayé. Pas beaucoup de travail, et très souvent mal payé…

Qu’est-ce qui vous a amené à souhaiter vous reconvertir ?

SIMON : L’envie tout simplement. j’avais très envie de devenir photographe. La vie est courte, pourquoi se contenter de faire un seul métier ?

MATHIEU : En temps de crise, le social n’est jamais une priorité pour ceux qui le financent. Le métier s’est progressivement orienté vers du contrôle social, et non plus vers un accompagnement à un mieux vivre pour les gens, faute de moyens humains.

STEPHANE : Quand on a une passion, on a toujours quelque chose en nous qui demande à l’assouvir.

PIERRE : La photographie ne m’apparaît pas comme une reconversion professionnelle mais plutôt comme une évolution. Après deux années passées à galérer, j’ai suivi cette formation afin d’acquérir les bases de la démarche journalistique, et de gagner une légitimité professionnelle dans ce milieu.

Dans cette formation, quel est l’apprentissage qui vous a le plus marqué ? Et, plus globalement, qu’est-ce que cette formation vous a apporté ?

SIMON : D’une manière générale c’est le fait d’assumer la posture de photographe. De dire : « Bon, maintenant je suis photographe ». La formation permet d’acquérir une certaine confiance en soi.
Les séances de portrait et l’apprentissage de la lumière sont sûrement les moments où j’ai le plus appris.

MATHIEU : J’ai appris à répondre à une commande, à imaginer ce que souhaite la personne qui m’envoie faire des photos, ce qui m’était difficile avant. Et le fait de me concentrer sur la photo durant un an m’a ouvert des pistes de réflexion pour quelques années au moins.

STEPHANE : J’ai été particulièrement marqué par les séances de portrait et l’apprentissage de la lecture de la lumière qui y est faite.

PIERRE : Ce qui m’a le plus marqué dans cette formation, ce sont les différentes « Master Class ». Le cours de portrait m’a notamment impressionné. J’ai aussi découvert l’aspect journalistique de ce métier. L’importance de l’angle et de l’éditing final m’appparaît primordial à présent. Mais surtout, ce qui me reste encore aujourd’hui, ce sont les rencontres.

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