Ce point de vue a été publié sur Médiapart le 28 mai 2018.

« Se former tout au long de sa vie », pouvoir « changer de métier par la reconversion professionnelle » sont devenus ces dernières années des mots-clés des projets gouvernementaux en matière de formation continue. C’est tant mieux et cela ressemble fort à la mission que s’est attribuée la coopérative émi-cfd depuis plus de trente ans.

Et pourtant… la mise en œuvre chaotique de la réforme de la formation professionnelle de 2014 et les annonces récentes du ministère du Travail ont fortement fragilisé les activités du secteur de la formation. Nous sommes de nouveau engagés dans une période troublée, dans laquelle les candidats à l’évolution professionnelle seront les premiers impactés : baisse, voire blocage des financements, déstabilisation des modalités d’éligibilité et de reconnaissance des actions de formation…
Mais pour que les beaux programmes deviennent réalité, il est de la responsabilité de tous les acteurs, politiques en premier lieu, mais aussi des branches professionnelles, d’assurer une transition qui permettra un maintien de l’activité de la formation professionnelle dans notre pays. Au risque de connaître, comme en 2015, un blocage du secteur, sans doute d’une ampleur bien plus importante encore. Ce sont des milliers de salariés et de demandeurs d’emploi qui seront privés de projet professionnel et des centaines d’organismes de formation, parmi les plus efficients, qui seront mis en danger, voire contraints à fermer leurs portes.

Il en est ainsi du CPF (Compte personnel de formation), à peine stabilisé depuis sa mise en œuvre, dont l’utilisation par les ayants droit est déjà bouleversée par le projet de création de nouveaux systèmes… qui pourraient se transformer en de nouvelles usines à gaz.

Le plus inquiétant est sans doute le risque de voir voler en éclat les dispositifs de reconversion, confiés jusqu’alors aux Régions pour les demandeurs d’emploi et aux Organismes collecteurs (OPCA) chargés de gérer et de financer les congés individuels de formation (CIF) des salariés. On nous parle aujourd’hui de « CPF abondés » pour les personnes en quête de reconversion… pour un montant maximum de 5000 euros. Quand on sait qu’un changement de métier nécessite un parcours long de près de mille heures (intégrant un stage pratique), seules les personnes bénéficiant d’un revenu conséquent pourront compléter grâce à leurs fonds personnels le financement issu de leur CPF.

La Région Ile-de-France a décidé d’arrêter de soutenir les demandeurs d’emploi désireux de s’orienter vers les métiers de l’information, de l’édition et de la communication.

Pôle emploi limite son aide financière aux demandeurs d’emploi à un montant de 1500€…

A l’émi, nous sommes attachés à ce que toute personne, issue de tous milieux et de toutes origines, puisse accéder aux différents métiers auxquels nous formons, par l’acquisition de compétences aboutissant à des titres certifiants. La très grande majorité des journalistes, graphistes, éditeurs et chargés de communication, ayant suivi nos formations, exercent aujourd’hui la profession que nous leur avons transmise. Car si ces secteurs de l’information, de l’édition et de la communication connaissent des mutations profondes, ils sont toujours, et plus que jamais pourvoyeurs d’emplois et développeurs de nouvelles activités, bien souvent liés à la révolution numérique.

C’est pourquoi cette année encore, pour la rentrée de septembre prochain, nous ferons tout pour que nos formations longues de reconversion, comme nos modules de perfectionnement attachés aux besoins des entreprises et de leurs salarié.e.s, soient accessibles à toutes et à tous. Tout projet de formation professionnelle doit à notre sens articuler mission sociale et projet économique.

Permettre à tout un chacun de changer de vie, de changer de métier, fait partie de l’ADN de l’émi depuis sa création. Nous sommes l’école de la reconversion. L’Autre école, celle qui transmet aussi aux professionnels de nos métiers en exercice l’autonomie, la polyvalence et les outils d’un regard critique sur nos pratiques.

En cette période où le secteur de la formation professionnelle doit se préparer à connaître de nouvelles tempêtes, nous ferons tout pour maintenir notre cap, tout en poursuivant nos chantiers d’innovation technologique et pédagogique.

Nous ne lâcherons pas l’affaire… et invitons toutes celles et tous ceux qui veulent accéder à nos métiers à le faire sans obstacle, en particulier financier. N’hésitez pas à nous contacter pour échanger autour de vos projets professionnels. Nous trouverons une solution!